N°6 - mars 2019
La vidéo
Une minute, un sujet édifiant.
Le chiffre
L’info à retenir.
de femmes en Pays de la Loire déclarent souffrir d’un problème de santé chronique (contre 27% d’hommes).
L'image
Pour marquer les esprits.
Courir contre le cancer du sein
150 000 participant-e-s et 10 000 euros collectés pour lutter contre le cancer du sein. Voici le bilan enthousiasmant de la 13e édition des courses Odysséa qui s’est déroulée à Nantes le 17 mars dernier. Dès les premières heures de la journée, les rues de la ville ont été investies par une marée rose, couleur symbolique de la lutte contre la maladie, qui demeure l’une des principales causes de mortalité chez les femmes (et la première en Pays de La Loire). Dans la région, le cancer du sein reste le plus fréquent chez les femmes, quel que soit leur âge, et 39, 1 % des cas sont diagnostiqués lors d’un dépistage.
Pour apporter leur soutien à la cause, marcheuses/eurs et coureuses/eurs avaient le choix entre quatre parcours allant de 1 km pour les enfants à 10 km pour les plus aguerri-e-s. Tous les fonds générés seront reversés à des structures locales : l’Institut de Cancérologie de l’Ouest Centre René Gauducheau, la Ligue contre le cancer de Loire-Atlantique et l’association coup de cœur Odysséa AGIR Contre La Maladie. On rappelle que depuis sa création en 2002, l’association Odysséa a permis de recueillir 8,4 millions d’euros grâce à 865 000 participant-e-s !
La Fameuse
Elle s’est dit qu’elle pouvait le faire… alors elle l’a fait !
ENTRETIEN AVEC…
Marianne Binst, directrice générale de Santéclair.
Selon vous, quelles sont les priorités aujourd’hui en termes de santé des femmes ?
En matière de prévention, il y a un gros souci sur les femmes et le tabac, surtout les jeunes femmes. Globalement, le nombre de fumeurs a plutôt régressé mais les femmes continuent à fumer et les cancers « féminins » liés au tabac augmentent, alors que ceux des hommes diminuent. L’association tabac et pilule est particulièrement nocive et représente un des facteurs de risque importants de maladies cardio-vasculaires. Trop peu de femmes le savent.
La médecine a longtemps évincé les femmes de ses recherches. Les choses évoluent-elles favorablement aujourd’hui ?
Il y a encore trente ans, seuls 10 % des essais cliniques étaient menés sur des femmes Aujourd’hui, on atteint 30 %, ce qui est mieux, mais pas encore paritaire.
Les raisons ne sont pas que sexistes, mais aussi mécaniques : pendant longtemps, on ne faisait pas d’essais cliniques sur des femmes qui prenaient la pilule parce que cela faussait les résultats. On ne faisait pas non plus d’essais cliniques sur des femmes qui ne la prenaient pas car elles pouvaient tomber enceinte. Du coup, les médicaments ont été étudiés sur les hommes. Aujourd’hui, on fait des essais cliniques sur des femmes sous pilule, parce que prendre la pilule fait partie de la vie.
« Les femmes doivent reprendre elles-mêmes leur santé en main »
Comment proposer d’autres approches plus équitables ?
Un comité éthique a été créé à l’INSERM pour réfléchir à ces approches trop genrées de la maladie qui ne donneraient pas les mêmes chances à tout le monde. Par exemple, le fait que l’ostéoporose touche davantage de femmes ne serait pas lié aux hormones ou à la ménopause mais au fait que les femmes font moins d’exercice physique dans leur jeune âge. L’INSERM mène de nombreuses recherches sur ces problématiques de mode de vie qui fournissent des explications réelles à la cause de certaines pathologies.
En général, on parle trop de médecine et pas assez de mode de vie. Être en bonne santé, c’est de la statistique, mais aussi la vie. Manger sainement, faire de l’exercice, ne pas trop boire et ne pas fumer. Il est important de garder ces fondamentaux en tête et de ne pas être dans la médicalisation.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent mieux s’informer sur leur santé ?
Aujourd’hui, on trouve de nombreux outils en ligne : des forums, des consultations à distance avec des informations scientifiquement très valides. Chez Santéclair, on propose des outils de coaching comportemental pour aider à changer ses habitudes alimentaires, de sommeil ou liées au tabac. Les thérapies comportementales se digitalisent assez bien et permettent de casser les habitudes.
Je conseillerais aux femmes d’essayer de ne pas être victimes des stéréotypes. Si elles fument et qu’elles prennent le pilule, qu’elles arrêtent de fumer ou qu’elles cherchent des modes de contraception plus anciens et moins impactants que la pilule. Par exemple, certains médecins disent encore qu’il n’est pas possible de poser un stérilet à une femme qui n’a pas eu d’enfants, alors que c’est faux et que ça marche très bien, même sur les jeunes filles. Qu’elles cherchent de l’information et des médecins qui les écoutent. Elles doivent reprendre elles-mêmes leur santé en main.
L'Infâmeuse
L’info qui donne des boutons !
Du chantage à l’IVG
On a cru à une mauvaise blague. Le syndicat des gynécologues obstétriciens de France (Syngof), qui avait déjà fait des siennes en septembre dernier quand son président Bertrand de Rochambeau avait comparé l’IVG à un homicide, a remis ça. Dans un mail adressé à ses 1600 adhérent·es, le Syngof s’est dit prêt à arrêter de pratiquer des IVG pour obtenir un rendez-vous avec leur ministre et débattre de la loi santé.
Face au tollé général et aux fustigations de Marlène Schiappa, d’Agnès Buzyn, d’associations féministes, et de l’Ordre des Médecins, qui rappelle que « menacer de priver des femmes de l’accès à l’IVG est totalement contraire à la déontologie médicale », Bertrand de Rochambeau a essayé de calmer le jeu. Apparemment, cette note n’était pas destinée à être publiée et cette menace n’aurait jamais été exécutée. Vraiment ? Le Syngof est pourtant coutumier du chantage à l’avortement et avait déjà tenté le coup dans les années 2000, alors qu’il demandait plus de moyens pour financer des sages-femmes en salle d’accouchement.
Bien que le syndicat ait finalement rétropédalé et assuré qu’il continuerait bien à pratiquer des avortements, cette sortie fait froid dans le dos. La liberté des femmes à disposer de leur corps n’est pas une monnaie d’échange ou un moyen de pression. C’est un droit. Et 44 ans après la loi autorisant l’IVG, il est encore nécessaire de le rappeler à ceux qui sont censés le garantir.
Zoom et dézoom
On part d’ici, on va voir ailleurs.
Vaincre l’endométriose
Rappeler que la douleur n’est pas une fatalité et que la médecine peut être humaine, telle est la mission que s’est donnée la clinique Sud-Vendée à Fontenay-le-Comte, récompensée pour sa prise en charge chirurgicale de l’endométriose. La Fondation de l’avenir et la Mutualité française vient en effet de décerner le Prix Avenir Recherche Innovation à l’établissement vendéen pour son travail autour de cette maladie encore taboue, alors qu’elle touche une femme sur dix.
Des patientes souffrant de cette pathologie gynécologique multifactorielle viennent de tout le département dans la clinique, qui pratique une centaine d’opérations par an. L’atout majeur de la structure consiste à placer les femmes au centre de la démarche avec un suivi avant, pendant et après l’hospitalisation et un accompagnement personnalisé réalisé par divers professionnels de la santé (infirmières, stomathérapeutes, psychologues et diététiciennes). Cela peut sembler aller de soi, mais la prise en charge générale de l’endométriose laisse encore largement à désirer… L’initiative mérite donc d’être saluée !
Dans le monde entier, le milieu de la recherche commence à se pencher sur l’endométriose. Ainsi, aux États-Unis, la doctoresse Katherine Burns, professeure à l’Université de Cincinnati, a reçu une bourse pour développer ses recherches sur la maladie.
Elle est partie d’un postulat simple : toutes les études expliquent que cette pathologie est liée à la production d’œstrogènes, mais si elle dépendait en fait du mode de vie des femmes et de leur exposition à certaines substances ? Pour aller vérifier cette théorie, Katherine Burns étudie les causes périphériques du développement de l’endométriose, comme le contact avec des polluants environnementaux ou ces fameux perturbateurs endocriniens, réputés pour dérègler tout le système hormonal, et tente d’identifier les intoxicants les plus néfastes.
En attendant l’aboutissement de ses travaux, la chercheuse rappelle que l’endométriose ne doit pas être prise à la légère (elle peut tout de même causer l’infertilité et de très fortes douleurs) et que si son hypothèse se vérifie, il serait temps d’informer les femmes sur les risques de certains produits.
Les règles pour toutes
Début mars, les hôpitaux anglais annonçaient la mise en place des protections périodiques gratuites à l’attention de leurs patientes. Quelques jours plus tard, les collèges et lycées leur emboîtaient le pas, garantissant l’installation de distributeurs de protections périodiques gratuites dans tous les établissements secondaires du pays. L’Angleterre devient donc le second pays du monde, après l’Ecosse en août 2018, à proposer des serviettes hygiéniques et tampons gratuits à ses élèves.
Cette réjouissante nouvelle résulte du succès de la pétition en ligne Free Periods (Règles libres) lancée par l’adolescente Amika George, qui réclamait des protections périodiques gratuites dans les établissements scolaires. Le texte a récolté plus de 270 000 signatures.
Cependant, la gratuité des protections hygiéniques fait souvent grincer les gouvernements des dents car elle coûte chère (elle a coûté plus de 6 milliards d’euros à l’Écosse). Mais les règles coûtent aussi chères aux femmes ! On sait qu’elles dépensent en moyenne 23 500 euros en protections périodiques au cours de leur vie ! Une somme colossale qui exclut de fait les plus défavorisées.
Afin de rendre les protections périodiques accessibles à toutes, la Bretonne Gaële Le Noane s’est lancée dans le e-commerce de tampons 100 % bio, compostables et biodégradables. Cette orthophoniste de formation a ainsi créé Marguerite & Cie, qui entend concilier « la lutte contre la précarité menstruelle, la santé des femmes, et la préservation de l’environnement ». Ahurie par la composition des tampons classiques, truffés de perturbateurs endocriniens et autres substances cancérogènes et mutagènes, Gaële Le Noane a convaincu la marque Natracare, leader mondial des soins bio et naturels, de soutenir son projet.
Son idée : envoyer des box personnalisées de tampons bio dans les boîtes aux lettres de femmes démunies. Résultat, après tout juste un an d’existence, 1200 femmes en situation de précarité et d’exclusion ont déjà pu bénéficier de ces protections via l’association ADSF-Agir pour la santé des femmes.
On peut également composer soi-même sa boîte de tampons, avec des tailles différentes selon son flux. Et pour les réticentes aux tampons, les serviettes hygiéniques débarquent au mois d’avril !
L'agenda
Conférence, visite – Les femmes dans l’histoire de Nantes
📅 Jeudi 28 mars à 16h30 – Espace Simone de Beauvoir, Nantes.
Balade commentée au cœur de la ville pour découvrir des femmes remarquables célèbres, oubliées ou anonymes, qui ont pourtant toutes participé à l’histoire de Nantes.
Rencontre – EndoFrance
📅 Samedi 30 mars à 14h – Nantes.
Rencontre amicale sur l’endométriose et diffusion du court-métrage Toi, mon endo, réalisé par Laetitia Laignel avec la comédienne Aurélie Frère.
Informations et inscription obligatoire à : paysdelaloire@endofrance.org
Exposition – Femmes pionnières #ParlonsFemmes2
📅 Jusqu’au 30 mars du mardi au samedi de 14h à 18 h – Le TriptiC Léo Lagrange, Nantes.
Tirée du livre Audacieuses ! : 50 femmes pionnières de Sheina Szlamka et Yannick Resch, cette exposition met en lumière des femmes remarquables des 19e et 20e siècles en avance sur leur temps.
Concert – Les Femmes S’en Mêlent #22
📅 Mercredi 3 avril à 20h30 – Stéréolux, Nantes.
Depuis 22 ans, le festival Les Femmes S’en Mêlent met les femmes musiciennes à l’honneur. Au programme cette année l’afrobeat de la Portugaise Pongo, l’électro-grime de l’Anglaise Georgia et le duo anglais Sink Ya Teeth.
Exposition – Honneur aux Dames !
📅 Jusqu’au dimanche 14 avril – Bar Le Narcisse, Nantes.
Le Narcisse, partenaire du Printemps des Fameuses, vous fait découvrir le travail de l’illustratrice Sarah Nyangué et de l’artiste Angélique Dailcroix, qui s’associent le temps de cette exposition autour de la figure féminine.